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Rédaction épicène, formulation neutre et écriture inclusive… Quèsaco?

Mais que sont ces concepts qui apparaissent de plus en plus au détour d’une conversation avec un(e) professionnel(le) de la langue française?

Afin de vous permettre de dialoguer avec aisance lors de votre prochaine discussion avec votre langagier(-ère)1 de famille, voici un petit tour d’horizon pour démystifier le tout!

La féminisation lexicale d’abord!

Ce procédé est utilisé pour éviter l’usage unique du masculin générique (genre masculin employé pour désigner tant les hommes que les femmes). Lorsqu’on parle de personnes, de leurs titres, de leurs rôles, de leurs métiers ou activités qu’elles pratiquent, il est possible de recourir à la féminisation lexicale pour faire correspondre l’appellation féminine à l’appellation masculine. On joue par conséquent avec la finale du mot ou le déterminant utilisé.

Exemple : une voyageuse, un voyageur.

Pour désigner les deux genres, dans une même phrase, il suffit d’écrire un à la suite de l’autre le terme dans son genre féminin et masculin.

Exemple : Les accompagnatrices et les accompagnateurs se sont réunis pour discuter.

Notez ici la mise en place de l’appellation féminine, précédant celle qui est masculine, qui permet d’accorder un verbe pronominal sans souci de devoir le conjuguer au féminin et d’ajouter un e entre parenthèses.

Certains termes ne diffèrent pas lorsqu’on les transforme au féminin.

Exemples : un ou une caméraman, un ou une capitaine, un ou une géologue, un ou une gériatre, un ou une judoka, un ou une maître d’œuvre, un ou une marin, un ou une médecin, etc.

D’autre part, là où il y a le mot homme, il est possible de le changer pour le mot femme.

Exemples : femme de loi, femme d’équipage, femme-grenouille, femme-orchestre et femme-sandwich.

L’inverse est aussi envisageable! Pour une sage-femme, on peut dire un sage-homme (et non un homme sage-femme!).

N’est-ce pas merveilleux? Et, pour grandir en sagesse, poursuivons sur la lancée de cette aventure de l’écriture épicène, voulez-vous?

La rédaction épicène et la formulation neutre

Maintenant que le pas est fait sur l’astre de la féminisation lexicale, entrons dans l’univers de l’écriture épicène, où l’objectif est d’assurer un équilibre dans la représentation des hommes et des femmes dans le texte. Lorsqu’on désigne des personnes, on utilise alors soit les dénominations féminines et masculines, soit la formulation neutre ou, à petites doses, le masculin générique si rien d’autre n’est concevable.

Exemple de désignations féminine et masculine coordonnées :

Les magnifiques lectrices et lecteurs de ce blogue apprendront tant de nouvelles choses!

Exemple de formulation neutre :

Le fantastique lectorat de ce blogue sera émoustillé par tant de nouveautés!

Exemple de phrase recourant au masculin générique :

Les lecteurs, motivés, seront épatés!

La formulation neutre a cela de pratique : elle « privilégie les termes et les expressions qui ne comportent pas de marques de genre relatives à des personnes. Elle permet de désigner aussi bien un homme qu’une femme en employant notamment des tournures épicènes […] ou de désigner des groupes mixtes avec les noms collectifs […]. »2

Exemple de tournure épicène : splendide, au lieu de somptueux et somptueuse.

Exemple de nom collectif : la communauté étudiante, au lieu de les étudiants et les étudiantes.

Et l’écriture inclusive, dans tout ça?

Au Canada, et spécialement au Québec, l’écriture inclusive constitue un type de rédaction faisant appel à la formulation neutre, car elle cherche à éviter les mots marqués en genre, lorsqu’il s’agit de personnes. En revanche, elle n’use pas de néologismes3, contrairement à la rédaction non binaire, qui utilise des termes comme iel ou frœur. Cela étant dit, l’Office québécois de la langue française (OQLF) ne conseille pas le recours à ces termes. Elle encourage plutôt l’emploi de la rédaction épicène, qui invite, par ailleurs, à la rédaction neutre. La langue française permet déjà, par sa richesse, les formulations inclusives avec une approche personnalisée. Il est alors suggéré, par exemple pour la représentation d’un individu non binaire, d’éviter les marques de genre et les titres de civilité (madame, monsieur, mademoiselle), les articles indéfinis (un, une) devant les noms communs, et les adjectifs genrés (reconnu, reconnue).

Voici un exemple tiré de la Vitrine linguistique :

« Je vous présente Camille Beaudoin, scientifique de renom, qui se consacre à la recherche sur le cancer. » 4

Dans cet exemple, il devient impossible de savoir si Camille est un homme, une femme, ou une personne non binaire. Voilà une belle démonstration de la force de la langue française, de son adaptabilité à des contextes variés. Il existe de multiples façons de rendre les locutions inclusives! Il suffit d’user de créativité!

Pour conclure notre voyage au pays de l’écriture épicène, visitons les doublets!

Qu’est-ce que cette contrée? Écrire les doublets consiste à nommer les deux genres d’un mot, dans une même phrase. Par exemple, lorsqu’on dit les Québécois et les Québécoises, on inscrit le masculin et le féminin du nom, pour respecter les principes de la rédaction épicène.

L’idéal, selon l’OQLF, c’est l’utilisation de doublets complets (exemple mentionné plus haut), lorsque l’espace est suffisant dans la mise en page d’un texte. En revanche, dans les publications où le nombre de mots est restreint, les doublets abrégés sont acceptés pour éviter d’employer le masculin générique.

Même si le point semble préféré aux autres signes de ponctuation sur les réseaux sociaux, les parenthèses et les crochets constituent les deux options recommandées par L’OQLF.

Point : L’agent.e de voyage est surpris.e!

Point médian : L’agent·e de voyage est surpris·e!

Parenthèses : L’agent(e) de voyage est surpris(e)!

Crochets : L’agent[e] de voyage est surpris[e]!

Pour une phrase où il y a une alternance de finale entre le masculin et le féminin, voici un exemple :

Point : Le.la directeur.trice du musée rencontrera les auteur.e.s étranger.ère.s.

Point médian : Le·la directeur·trice du musée rencontrera les auteur·e·s étranger·ère·s.

Parenthèses : Le (la) directeur(-trice) du musée rencontrera les auteur(e)s étranger(-ère)s.

Crochets : Le [la] directeur[-trice] du musée rencontrera les auteur[e]s étranger[-ère]s. 

Voilà que se termine déjà la balade au cœur de la vallée de la rédaction épicène. Un survol bref, mais qui offre une vue des grandes lignes du sujet.

Vous désirez en connaître davantage?

Je vous invite à consulter la Vitrine linguistique, un outil formidable pour découvrir toutes sortes d’information à propos de la langue officielle du Québec!

https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/

Voici d’ailleurs un aide-mémoire pour rédiger épicène :

https://contenu.vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/articles_bdl/pdf_rtf/Aide-memoire_redaction_epicene.pdf

En toutes occasions, sachez qu’un(e) réviseur(e) professionnel(le) peut effectuer la vérification de vos textes, avant de les imprimer ou de les publier!

Contactez Entre Cédille et Tréma pour la révision de vos documents!